Petits mensonges épidémiologiques (2)

Publié le 30 Mars 2013

Les petits mensonges épidémiologiques, second épisode.

2) "En (date récente), il y a eu plus de cas de rougeole en/au (pays au choix) qu'en (date ancienne), alors que la couverture vaccinale était similaire aux deux époques, ou en augmentation au cours du temps"

En première approximation, on s'attend à ce que le nombre de cas annuel de rougeole soit d'autant plus faible que le taux de vaccination des bébés est grand. Mais il y a parfois un effet subtil qui vient s'ajouter à ce comportement d'ensemble et qui peut induire en erreur, si on ne considère pas l'ensemble des données.

En fait le nombre de cas annuel est plutôt à mettre en relation avec le nombre de personnes non immunisées (que ce soit les bébés, les enfants, ou les adultes). En effet, une petite partie des bébés ne sont pas vaccinés et une petite partie des vaccinés ne vont pas produire d'anticorps, de sorte que le groupe des non-immunisés va grandir au cours du temps et comprendre des enfants et des adultes (les bébés grandissent).

Lorsque que le groupe des non-immunisés atteint une taille suffisante, des flambées épidémiques (outbreaks) peuvent se produire, même si la couverture vaccinale des bébés ne diminue pas au cours du temps, voire même si elle augmente.

Par exemple, on peut donc se retrouver avec 28000 cas en 1990 aux USA, ce qui est bien plus que les 1500 cas de 1983, alors que la couverture était d'environ 80 et de 60%, respectivement. Mais cela ne signifie pas que la politique vaccinale est un échec, car quand on regarde l'ensemble des données, l'effet positif de la vaccination sur le nombre de cas est indiscutable.

Epidémiologie de la rougeole aux USA (l'échelle est logarithmique)

Epidémiologie de la rougeole aux USA (l'échelle est logarithmique)

De plus, il serait plus pertinent de comparer la situation en 1990 et ses 28000 cas avec ce qui se serait passé si les USA n'avaient pas de programme de vaccination. Dans ce cas, on aurait pu s'attendre à un nombre de cas déclarés similaire à celui de l'ère prévaccinale (près d'un million !).

La seule façon de se prémunir contre de telles flambées épidémiques est d'atteindre le seuil d'immunité de groupe pour la couverture vaccinale et de le maintenir au cours du temps. Dans cette situation, les personnes non immunisées sont peu nombreuses, et le groupe des non-immunisés n'atteint pas une taille suffisante pour que le virus soit transmis de façon soutenue.

La suite au prochain épisode.

Rédigé par Julie

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