Immunité de groupe

En prose :

Pour les maladies contagieuses qui sont transmises d'individus à individus, comme la rougeole, la chaine d'infection peut être rompue lorsqu'une grande partie de la population est immunisée. Au plus grande est la proportion d'individus résistants, au moins il est probable qu'un individu sensible à la maladie puisse être mis en contact avec un individu infecté. Lorsque la chaine d’infections est rompue, on parle d’immunité de groupe. L’immunité de groupe peut être obtenue lorsqu’une partie suffisante de la population est vaccinée. Elle fournit une protection pour les individus, même ceux qui n'ont pas développé d'immunité (échec de la vaccination ou non-vaccination). L'immunité de groupe est donc utile pour les personnes qui ne peuvent être vaccinés à cause de leur situation médicale (par exemple: désordre immunitaire ou attente de transplantation...).

La proportion d'individus immunisés au delà de laquelle la maladie s'éteint est le seuil d'immunité de groupe (herd immunity threshold). Sa valeur varie en fonction de la virulence de la maladie, de l'efficacité du vaccin, et de la façon dont les individus interagissent entre eux. Le seuil d'immunité de groupe est une notion mathématique. On peut le calculer à partir d'un modèle basé sur des hypothèses. On obtient par exemple que le seuil pour la rougeole est de 92 à 94%, sachant que le nombre moyen d'individus qu'une personne infectieuse pourra infecter, tant qu'elle sera contagieuse, dans une population non immunisée, est de 12 à 18.

Une des hypothèses pour ce genre de modèle est que la population soit homogène (bien mélangée, tout le monde côtoyant tout le monde...). Dans la pratique, ce n'est pas toujours vrai. Des réseaux sociaux se forment (de façon géographique ou selon les affinités des gens...) et les fluctuations de la couverture vaccinale d'un réseau par rapport à l'autre expliquent que des maladies "réapparaissent" parfois au sein de populations pourtant correctement vaccinées à grande échelle.

En mathématiques

On définit Ro, le basic reproduction number. C’est le nombre moyen d'autres individus qu'une personne malade infectera dans une population qui n'a pas d'immunité à la maladie. C'est ce qui traduit la contagiosité de la maladie. Pour la rougeole, on est à 12-18.

  • Si Ro=1 : état stationnaire endémique, en moyenne, chaque personne infectée en infecte une autre à son tour.

  • Si Ro>1 : épidémie

  • Si Ro<1 : la maladie ne se transmet pas

Mais en réalité, toute la population n’est pas nécessairement sans immunité, c’est pourquoi on définit S, la proportion de la population qui est sensible à la maladie (ni immunisée, ni infectée). Ou encore, la proportion de ceux qui peuvent tomber malade. S est un chiffre compris en 0 et 1.

  • Si (Ro x S)=1 : état stationnaire endémique

  • Si (Ro x S)>1 : épidémie

  • Si (Ro x S)<1 : la maladie ne se transmet pas (élimination ou éradication)

On définit q le nombre de personnes immunisées. q est une proportion, c'est un chiffre compris entre 0 et 1. S+q=1 puisque les personnes sensibles et les personnes non sensibles regroupent ensemble toute la population. On a alors S=(1-q).

Pour que (Ro x S)<1 (élimination/éradication) , il faut donc que q>1-(1/Ro).

On définit donc qo=1-(1/Ro), le seuil d’immunité de groupe. qo n'est pas égal à la couverture vaccinale minimale, car la vaccin ne fonctionne pas dans une faible proportion de cas. Il faut donc une couverture vaccinale supérieure à qo, en fonction de l'efficacité du vaccin. Pour la rougeole, on retient souvent que la couverture vaccinale à deux doses avant 24 mois doit être de 95 %.

Références

http://en.wikipedia.org/wiki/Herd_immunity

http://en.wikipedia.org/wiki/Mathematical_modelling_of_infectious_disease#Mathematics_of_mass_vaccination

Rédigé par Julie