Pourquoi vaccine-t-on les bébés contre l'hépatite B ?

Publié le 18 Mai 2015

En France, la vaccination contre l'hépatite B est recommandée dès l'âge de 2 mois. Des parents hésitent parfois à suivre les recommandations pour le vaccin hépatite B, voire s'y opposent. Quelles sont leurs raisons ? Ils voient l'hépatite B comme une maladie d'adultes sexuellement actifs et/ou drogués. Ce n'est pourtant pas si simple !

Pourquoi vaccine-t-on les bébés contre l'hépatite B ?

Les raisons de cette recommandation précoce?

 

- Plusieurs modes de transmission

L'hépatite B se transmet par voie sexuelle et sanguine mais peut également se transmettre par des petites plaies, des morsures, des égratinures et la salive contaminée par le sang.

 

- Mode de transmission inconnu dans 30% des cas

Au moins 30% des cas d’hépatite B ne peuvent pas être reliés à un facteur de risque identifiable. Autrement dit, on ne sait pas comment le malade l'a attrapée dans un cas sur trois !

 

- Danger de la maladie

L'hépatite B peut être foudroyante et mortelle. Elle peut aussi devenir chronique et évoluer après plusieurs années en cirrhose ou cancer du foie. En France, on estime que 280 000 personnes sont porteuses du virus. Chaque année, 1300 à 1400 personnes décèdent par cirrhose ou cancer du foie.

 

- Risque plus élevé si l'infection survient tôt dans la vie

L’apparition d’une infection chronique est très fréquente pour les nourrissons infectés par leur mère ou avant l’âge de 5 ans. Ce risque est inversement proportionnel à l'âge. Seront atteints d'une infection chronique :

- 90% des nourrissons infectés au cours de la première année de vie,

- 30 à 50% des enfants infectés entre un et quatre ans,

- 2 à 6% chez les adultes.

 

- Longue durée de survie du virus

Le virus de l’hépatite B peut survivre en dehors du corps pendant au moins 7 jours. Au cours de ce laps de temps, le virus est encore susceptible de provoquer une infection s’il pénètre dans l’organisme d’une personne non protégée par la vaccination.

 

- Meilleure efficacité du vaccin chez l'enfant

L'âge a une influence sur l'efficacité du vaccin. Et de plus en plus d’experts sont convaincus qu’après une vaccination complète du nourrisson, une protection à vie contre l’hépatite B se maintient, même si le taux d’anticorps baisse avec le temps.

La mémoire immunitaire jouerait dans ce contexte un rôle très important.

 

- Protection individuelle et collective

En vaccinant les bébés, on réduit la circulation du virus dans la population en réduisant le portage.

Pourquoi vaccine-t-on les bébés contre l'hépatite B ?

Vaccination universelle et/ou ciblée?

 

La France recommande donc la vaccination universelle de tous les nourrissons. Celle-ci est appliquée par 47 des 53 pays de la région européenne (région au sens de l'OMS). La France recommande aussi une vaccination ciblée des personnes à risques en complément de la vaccination universelle. Les personnes à risques sont par exemples les nouveaux-nés de mères porteuses chroniques qui doivent être vaccinés dès la naissance (le dépistage de l'hépatite B au cours de la grossesse est d'ailleurs obligatoire), les enfants d'âge préscolaire accueillis en collectivités, les personnes qui ont des relations sexuelles avec des partenaires multiples, les utilisateurs de drogues par injections, certains voyageurs, certains profesionnels, etc.

 

Les six pays de la région européenne qui ne vaccinent pas les enfants en routine sont l'Islande, la Grande Bretagne, le Danemark, la Norvège, la Suède et la Finlande. A première vue, ils semblent suivre la même logique que les parents français refusant cette vaccination pour leurs enfants, puisqu'ils recommandent essentiellement la vaccination aux personnes supposées à risques plus élevés. Mais si on y regarde de plus près, on se rend compte que la population à risque est plus large que celle envisagée naïvement par ces parents français (personnes sexuellement actives, toxicomanes). Elle comporte aussi certaines populations immigrées, ainsi que les enfants à naître de mères porteuses chroniques, comme en France. Ces pays ne craignent donc pas de vacciner un nourrisson s'ils le jugent nécessaire ! Néanmoins, les partisans de la vaccination universelle+ciblée notent que la vaccination ciblée seule n'est que rarement aussi efficace que la vaccination universelle des enfants, car elle est plus difficile à mettre en oeuvre. En effet, les populations à risques sont moins faciles à atteindre préventivement que les nourrissons, tandis que la vaccination universelle présente l'avantage de réduire la circulation du virus au profit de l'ensemble de la population. Cela a été constaté dans la pratique aux USA par exemple. Finalement, comme souvent, quand la question est en forme de "ou", la réponse appropriée est en forme de "et" !

 

 

L'introduction de la vaccination universelle en 1991 aux USA a permis une réduction de l'incidence des infections aigues chez les enfants, ce qui se traduit par une diminution des infections chroniques et de la circulation du virus dans la population.

L'introduction de la vaccination universelle en 1991 aux USA a permis une réduction de l'incidence des infections aigues chez les enfants, ce qui se traduit par une diminution des infections chroniques et de la circulation du virus dans la population.

Rédigé par Louise

Publié dans #Guest, #Hépatite B

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L
Bonsoir, <br /> j'ai un souci avec votre graphique : il est sensé soutenir l'affirmation "la vaccination universelle présente l'avantage de réduire la circulation du virus au profit de l'ensemble de la population" or, il ne mentionne que les enfants qui ont été vaccinés entre 19 et 35 mois (rien d'universel), ne concerne que le symptôme "aigu" (de diagnostic assez subtil) de la maladie hépatite B, (rien à voir donc avec l'incidence de la maladie, ni sa gravité) et ne traite pas du bénéfice sur l'ensemble de la population mais sur la seule tranche 1-9 ans.<br /> <br /> Pouvez-vous m'éclairer ?
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J
«  il ne mentionne que les enfants qui ont été vaccinés entre 19 et 35 mois »<br /> <br /> Étant donné que la vaccination HB des enfants est supposée être terminée (troisième dose) à 18 mois maxi selon les recommandations, le graphe mentionne simplement la proportion d'enfants âges entre 19 et 35 mois qui sont en ordre de vaccination. En couvrant un tranche d'âge d'un peu plus de un an, on obtient une mesure raisonnable de la couverture vaccinale année par année.<br /> https://www.cdc.gov/vaccines/schedules/downloads/child/0-18yrs-combined-schedule-bw.pdf<br /> <br /> «  (rien d'universel) »<br /> On parle de vaccination universelle car elle est recommandée à TOUS les enfants qui viennent de naître. <br /> <br /> « , ne concerne que le symptôme "aigu" (de diagnostic assez subtil) de la maladie hépatite B, (rien à voir donc avec l'incidence de la maladie, ni sa gravité) et ne traite pas du bénéfice sur l'ensemble de la population mais sur la seule tranche 1-9 ans. »<br /> <br /> L'incidence des infections aiguës renseigne plus facilement sur l'état de la circulation du virus que l'incidence des infections chroniques, puisqu'elles sont plus courantes. En surveillant les infections aiguës chez les enfants de 1-9ans, avant qu'elles ne puissent devenir chronique à l'âge adulte, on peut estimer le bénéfice futur sur l'ensemble de la population.