"J'ai fait la rougeole et je suis toujours en vie !"

Publié le 28 Janvier 2015

On peut lire souvent de façon systématique dans les commentaires d'articles traitant de la vaccination ce type d'arguments qui prouveraient l'inutilité d'un vaccin ou la non dangerosité des maladies :

J'ai fait la rougeole et je suis toujours en vie...

J'ai eu la coqueluche et je ne suis pas mort...

Je jardine et je n'ai jamais eu le tétanos...

"J'ai fait la rougeole et je suis toujours en vie !"

La promotion d'un comportement dangereux

Ces arguments peuvent être comparés aux suivants:

"Je conduis souvent bourré et je n'ai jamais eu d'accident".

"Je ne mets jamais de préservatif et je n'ai pas le sida".

Diriez-vous à votre entourage que l'alcool n'est pas un problème, sous prétexte que vous n'avez pas eu d'accidents? Diriez-vous à vos enfants que le préservatif ne sert à rien sous prétexte que vous n'avez pas le sida ? Evidemment non ! Ce n'est pas parce que avez ou avez eu un comportement dangereux sans souffrir de conséquences que vous pouvez le promouvoir... Donc pourquoi promouvoir le refus de la vaccination sous prétexte qu'on a pas eu à se plaindre soi-même des maladies ou de leurs conséquences?

Une vision tronquée de la réalité

Cette promotion revient à nier le risque que représente l'alcool au volant et nier les victimes d'accidents de la route, à nier le risque que représentent des rapports non protégés et nier les chiffres de sidéens... Dire "j'ai eu la maladie et je n'en suis pas mort", c'est nier les victimes de ces maladies.

Or les maladies évitables par la vaccination font toujours des victimes, souvent des enfants.

Par exemple :

Rougeole : 150 000 décès/ an

Coqueluche : 300 000 décès/an y compris en France et en Europe

Hépatite B : 500 000 à 1 200 000 décès/an dont plus de 1 200 en France...

Les morts ne sont plus là pour témoigner

Cette promotion est d'ailleurs quelque peu déloyale, car les victimes, elles, ne sont pas là pour témoigner. Vous en conviendrez, on ne pourra jamais lire "J'ai eu le tétanos et je suis mort"... Mais cette réalité ne semble pas effleurer l'esprit des anti-vaccinations utilisant leur seule expérience comme référence. C'est finalement assez nombriliste.

La réalité ne s'arrête pas à votre expérience, à votre famille, à ce qu'il se passe dans votre rue. Il faut accepter l'étroitesse de sa vision, accepter son ignorance et avoir la volonté d'élargir sa vision pour pouvoir prendre de bonnes décisions.

Des experts, spécialisés en vaccinologie, font ce travail pour nous. Ils suivent les chiffres épidémiologiques et adaptent les recommandations, et ce pour protéger nos enfants, nos jeunes...

La question de la responsabilité

Promouvoir un comportement dangereux auprès son entourage est moralement irresponsable. Pourtant, en cas de pépin, les gens de "bon conseil qui ne veulent que votre bien" se retrancheront derrière l'argument bien pratique "je n'ai fait que donner mon avis, c'est toi qui a pris tes propres décisions".

De la part de parents ne vaccinant pas leur enfant, on ne peut pas parler de comportement responsable. Même s 'ils n'en ont pas conscience, la non-assistance à personne en danger n'est pas loin. Le dernier cas de tétanos pédiatrique français a été observé en 2004 au sein d'une famille opposée à la vaccination.

Tout enfant étant plus ou moins égal face au risque de contracter le tétanos, les parents qui leur refusent la vaccination ne les assistent donc pas face au danger... En fait, certains parents, sans être totalement ignorants des risques, ne parviennent pas vraiment à choisir entre les risques de la maladie et les effets secondaires des vaccins en dépit d'une balance bénéfices-risques favorable à la vaccination. Ils préfèrent ne rien faire en se disant que si conséquences d'une maladie il y a, ce sera "la faute de la maladie/de la nature". Ils voient la vaccination comme une action dont les conséquences sont de leur responsabilité, tandis qu'une absence d'action ne pourrait pas leur être reprochée. Mais action ou absence d'action résultent d'un choix. Tout comme choisir de mettre un préservatif ou non, tout comme choisir de conduire sobre ou non... Et ce choix est bien une affaire de responsabilité !

Ne pas vacciner son enfant sous le prétexte "J'ai eu la maladie et je suis toujours en vie", c'est le mettre en danger inutilement.
"J'ai fait la rougeole et je suis toujours en vie !"

Rédigé par Louise

Publié dans #Guest

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