Toujours les mêmes contre-vérités pour rallier les jeunes parents à la cause anti-vaccins

Publié le 28 Octobre 2013

  Quand on y regarde de près, les militants anti-vaccins ne se renouvellent pas beaucoup dans leur argumentaire. Ce sont toujours les mêmes ficelles, pourtant maintes fois débunkées, mises à jour, qui reviennent. Il faut les comprendre. C'est plus facile d'user de stratagèmes qui ont fait leurs preuves sur un public qui part de zéro en matière d'informations, de connaissances, de culture générale concernant la vaccination, que de vraiment s'instruire.

 

De jeunes parents tombent parfois dans le panneau, et peuvent même se mettre en tête de devenir à leur tour des militants de la cause. C'est le cas de la maman qui a soumis une contribution à la Libre Belgique dernièrement. Contribution intitulée Obligation vaccinale et vérités cachées et qui reprend sans recul les contre-vérités et mensonges colportés en boucle depuis des années par les sites et livres antivaccins. Comme je le notais à propos de la prose d'une des figures de proue de la mouvance anti-vaccins:

 

Au final, on obtient une jolie bouillie pas loin du Spreading/Gish Gallop. Cela consiste tout simplement à produire un argumentaire condensé tellement biaisé qu'il serait humainement difficile de défaire le sac de nœuds dans son entièreté en un temps raisonnable (cela se rapproche de la fractal wrongness).

 

Je ne vais donc traiter que quelques exemples énoncés par cette maman et qui semblent constituer le cœur de ses pseudo-arguments :

 

Je rassemble quelques informations sur les vaccins combinés à celui de la polio :

1le tétanos : maladie qui n’est pas contagieuse ! En France, la moyenne d’âge des personnes qui ont contracté la maladie est 78 ans, avec une mortalité de 30 %. On vaccine donc nos enfants pour une maladie qui touche les personnes âgées. Aucune étude scientifique ne prouve l’efficacité de ce vaccin.

2la coqueluche : lorsque ce vaccin a été ajouté au DiTePol, les accidents vaccinaux ont commencé à se multiplier, surtout les encéphalites. Ce vaccin a été, à titre d’exemple, interdit en Allemagne en 1973, la fréquence de cette atteinte cérébrale étant jugée trop importante… Depuis que l’Allemagne ne rend plus obligatoire cette vaccination, aucune catastrophe sanitaire due à la coqueluche n’a été signalée.

3la diphtérie : cette maladie est absente de nos pays, et, de plus, facilement traitable par des antibiotiques. Ce vaccin ne peut empêcher la contagion.

 

Ces informations parcellaires n'ont manifestement pas été confrontées avec l'ensemble des informations existants sur ces questions, sinon cette maman saurait que:

 

1) Si le tétanos en France touche les personnes âgées essentiellement, c'est bien parce que ces dernières ne sont pas à jour de leurs rappels vaccinaux. Les enfants sont à risques si ils ne sont pas vaccinés. Ainsi en France, le dernier cas chez un enfant a eu lieu dans une famille opposée à la vaccination.

Source : Guide des vaccinations 2012

 

2) La coqueluche est cause d'encéphalites, il ne faudrait pas l'oublier. Dans les années 70, c'est un vaccin à germes entiers qui était utilisé. Bien que ce vaccin présentait des effets secondaires potentiellement graves telles que les convulsions liées à des températures élévées, la balance bénéfice-risque était en faveur de la vaccination à germes entiers.

Source : Was the old pertussis vaccine safe?

 

Cela n'a pas empêché les militants anti-vaccins d'obtenir l'arrêt de la vaccination dans certains pays. Ces pays ont alors vécu une recrudescence de cas de coqueluche, ce qui n'était évidemment pas très amusant. La Grande-Bretagne s'est même remise à vacciner peu de temps après au vu de la situation.

Source : Vaccine safety basics : Pertussis vaccine example

 

Aujourd'hui, toute l'Europe vaccine contre la coqueluche. En Belgique ou en France par exemple, c'est une vaccination acellulaire qui est proposée pour les enfants et les rappels. Ce type de vaccin est mieux toléré que le vaccin à germes entiers.

 

3) Si la diphtérie est absente de nos pays, c'est bien grâce à la vaccination. Arrêtez de vacciner, et la maladie reviendra. Il suffit de voir ce qu'il s'est produit en Russie. La maladie était contrôlée grâce à une bonne couverture vaccinale, et puis pour diverses raisons, cette couverture vaccinale a décliné. Il s'en est suivi un grand nombre de cas de diphtérie. La maladie n'a pu être remise sous contrôle que par un retour à une couverture vaccinale suffisante. La France ou la Belgique ne sont d'ailleurs pas à l'abri du danger des cas importés.

Sources :
Successful Control of Epidemic Diphtheria in the States of the Former Union of Soviet Socialist Republics: Lessons Learned

Avis de la Direction Générale de la Santé

 

C'est pareil pour la Polio. Tant que la maladie n'est pas éradiquée mondialement, il faut continuer à vacciner. Si il n'y a pas de polio chez nous, c'est parce qu'on vaccine encore et toujours! Nos pays ne sont pas à l'abri par magie. Il suffit de constater ce qu'il s'est produit aux Pays-Bas (donc pas le bout du tiers-monde) dans les années 90 dans une communauté opposée à la vaccination.

Sources :
http://sante.lefigaro.fr/sante/maladie/poliomyelite/vos-questions-0
10 ans sans polio

 

 

S'il vous plait, jeunes parents, ne vous laissez pas impressionner par les discours alarmistes des sites antivaccins. Lisez-les si vous le souhaitez, mais confrontez leurs affirmations à d'autres sources d'informations.

 

Rédigé par Julie

Publié dans #debunking

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